Un crime « odieux ». Puni de 17 ans et 14 ans de prison. En octobre 2022, une femme était agressée par deux hommes devant chez elle à Areuse et brûlée à l’essence. Ce mardi, le Tribunal criminel de Neuchâtel a condamné le commanditaire à la peine la plus lourde ainsi que l’un des deux exécutants, tous deux pour tentative d’assassinat.
Face à ce féminicide, La justice a-t-elle voulu faire un exemple ? Les avis sont partagés. Le fait est que le verdict – 18 ans de prison, dont un an pour une autre affaire, de nature financière – est un peu plus sévère que la peine requise par le Ministère public. Le président du tribunal, Bastien Sandoz, a parlé d’une culpabilité « écrasante » et d’un crime « proche des plus graves » punis par le système judiciaire suisse. Le procédé est jugé « odieux », l’effroi « absolu » pour la victime, et les douleurs infligées « abominables ». Cette mère de famille jugée « totalement innocente », probablement sauvée par ses jeunes enfants qui ont appelé les secours, brûlée sur 25% du corps et qui gardera des séquelles à vie, aura eu comme seul tort, bien involontaire, d’être l’objet d’une possessivité décrite comme « maladive ». « La justice a donné un signal clair sur ce type de violences faites aux femmes, un signal bienvenu dans un monde qui parfois perd la tête », déclare Alexandre Zen-Ruffinen, l’avocat de la plaignante.
Alexandre Zen-Ruffinen : « Un signal bienvenu dans un monde qui parfois perd la tête. »
Même question à la défense : le tribunal a-t-il voulu faire un exemple ? « Ce n’est pas mon sentiment. J’ai trouvé que cette lecture de jugement était très posée, très cohérente. Je n’ai pas ressenti la volonté du tribunal de lancer un message pour de futurs potentiels féminicides, mais peut-être que c’était quand-même sa volonté. [Mais] j’ai la mission de faire appel, c’est la volonté de mon client », répond Valérie Schweingruber Dupraz.
Valérie Schweingruber Dupraz : « Je n'ai pas ressenti la volonté du tribunal de lancer un message. »
L’autre condamné du jour, l’un des deux exécutants qui s'est comporté « comme un tueur à gages » selon le tribunal, avait certes besoin de l’argent du commanditaire pour se payer ses doses de drogue, mais il n’était pas sous l’emprise du principal accusé, estime la justice. L’exécutant est donc jugé pleinement responsable de ses actes, mais lui a exprimé des regrets « sincères » et au moment de fixer la peine, le tribunal dit avoir tenu à marquer cette différence (parmi d’autres) entre les deux prévenus.
Les deux condamnés ont également écopé d’une expulsion de 10 ans du territoire suisse. La victime percevra une indemnité pour tort moral de 70'000 francs. Les deux enfants recevront chacun 20'000 francs. /vco